" Il n'est de début que celui que l'on se donne, il n'est de fin que celle de ses propre limites"

SUD-OUEST - 12 septembre1998

 

Un voyage inorganisé

Il faut entrer dans la peinture d'Emmanuel EKOTTO-MENGATA sans a priori de classification picturale, comme on part pour un de ces voyages inorganisés qui révèlent à chaque pas des découvertes.

Voilà un jeune homme de 36 ans, ayant reçu une formation d'architecte d'intérieur, ayant été épargné par les écoles académiques et normatives des Beaux-Arts mais qui fait preuve d'une étonnante maîtrise technique du dessin, de la couleur et de la composition. Chacun de ses tableaux est comme un livre dont on aperçoit tout d'abord la couverture rutilante : personnage ou animal, panthère - tigre, rascasse tropicale, serpent ou visage africain. Puis on feuillette les pages et on découvre les strates de l'histoire, figures humaines ou animales dans une sarabande à la Chagall ou Jérôme Bosch,esquissant des images, comme celles que l'on découvre dans les nuages du ciel ou les volutes de fumées. On peut rester ainsi de longues minutes devant une toile que l'on aimerait bien se faire raconter par , peut-etre pour se sentir rassuré par une réduction simple du tableau à une intention première.

Mais la peinture d'Emmanuel intègre aussi le temps, les mois nécéssaires à l'édification des strates de l'oeuvre, de sorte que le peintre lui même, ayant considéré sa tâche à peu près terminée, serait bien en peine de faire la synthèse d'un rêve d'ou il vient de sortir. Le résultat ravit tout le monde, les techniciens qui admirent la maîtrise, les enfants qui entrent dans la vision enchantée, les chercheurs de sens comme les humoristes.

Celui qui se définit avec hironie comme mi-celte mi-bantou est, non seulement, un peintre inspiré mais un théoricien qui en trente ans de pratique, a su relier les fils de tout ce qui constitue l'oeuvre d'art, qu'elle soit peinture, musique, ou poésie; Il regarde le public dans les yeux comme des etres vivants qui se détachent de ses tableaux. Il lui murmure :" Il n'est de début que celui que l'on se donne, il n'est de fin que celle de ses propres limites ",traduisant la modestie de tous ceux qui, ayant la chance du don qui leur permet de transcender la condition ordinaire, savent d'instinct s'adresser à l'humanité.

J.-M. DUTEN


OUEST-FRANCE - 12 juillet 1996

Entre peinture et sculpture...

(...) Né de père camerounais et de mère vitréenne, Emmanuel EKOTTO - MENGATA a d'abord suivi une formation d'architecte d'intérieur . Avant de revenir à la peinture (...) .Ses oeuvres aux riches couleurs, orfévrées, sont un plaisir pour l'oeil. " il y a plusieurs lectures possibles " explique leur auteur qui cherche un chemin entre une peinture " coup de poing " au fort impact chromatique et une "peinture - fenêtre " qui au contraire , invite à s'arrêter sur des détails , à s'y perdre . Les tête de panthères dont les ocelles se transforment en personnages ou en visages, les superpositions d'images, les strates successives des dessins qui se combinent en fines dentelles, les cultures mélées ... sont la matière de ces oeuvres étranges et attachantes. (...)

LE JOURNAL - 23 août 1996

 

Un autodidacte de la couleur

(...) En laissant son regard guidé par la composition de l'artiste, l'observateur se laisse entraîner par des détails qui l'emmène dans un voyage aux quatre coins de la toile. Apparaissent alors une multitude de silouhettes, de personnage ou d'animaux en tout genre. Ici un papillon, ailleurs, dans les tâches d'une panthère, un corps de femme.

Une richesse dont il difficile de faire le tour tant les détails foisonnent. (...) " c'est comme une personne que l'on aperçoit de loin dans la rue. On peut se contenter de sa silouhette ou bien se raprocher et en découvrir tout les détails. Je donne quelques itinéraires par la composition, mais le ressenti vous appartient ". (...)

LE COURRIER DE L'OUEST- 1 octobre 1993

 

Dé-composition et superpositions

(...) " Artisan de l'image, paysan de la tête ", (...) Le peintre parle de " dé - :composition ", c'est - à - dire qu'il donne l'impression d'une reflexion, d'une composition, alors que c'est l'inverse . Sa peinture est très souvent le fruit d'une impulsion : Alors "les choses sont différentes, selon la façon dont on les regarde et j'aime obliger le regard à se confronter à des paradoxes".